Si vous pensez toujours que vous ne savez pas tout sur le maté, nous allons vous parler d’un mini-documentaire à voir sur Arte.tv, récemment publié en septembre 2020.

Le maté, une plante de la cosmologie des peuples autochtones devenue avec le temps emblème de l’Argentine. C’est une véritable matrice de cette nation métissée. Bien plus qu’une infusion, on le boit chaud ou froid, du matin au soir, partout les argentins se déplacent avec leur kit à maté : un thermos, une calebasse, et une bombilla (la paille filtrante en métal qui permet d’aspirer le saint breuvage).

« Le matin, moi, je ne déjeune pas. Mon petit déjeuner c’est le maté, et le soir c’est pareil. On discute de la journée, on planifie ce qu’on va faire demain, mais toujours avec du maté ».

Dans le nord-est de l’Argentine, dans la Province de Misiones, on trouve la population la plus amatrice du maté. Ici, la culture de la plante sacrée est idéale grâce au climat tropical de la région et de sa terre riche en fer, c’est d’ailleurs pour cette raison que les Guaranis, un peuple ancestral, s’y était installé. Au fil des siècles, les immigrés venus s’installer dans ce grand pays ont adopté ce breuvage, élément clé de l’identité argentine.

Entre le 5ème et 10ème siècle, les Guaranis ont découvert que cette plante, qu’on trouvait dans la forêt, pouvait le mastiquer et donner de l’énergie. Et ils ont trouvé qu’ils pouvaient même passer 4 à 5 jours sans manger juste en mâchant leurs feuilles. Plus tard, ils découvrirent qu’il était possible de faire sécher sur le feu les feuilles et les tiges pour les conserver. Ils ont alors considéré cette plante comme un arbre miraculeux, un arbre mystique. Ils utilisaient notamment ces feuilles comme monnaie, objet de culte, et bien sûr comme infusion. 

A leur arrivée au 16ème siècle, les jésuites, qui étaient venus évangéliser la région, se prosternèrent à leur tour devant ce petit arbuste aux vertus énergisantes. Ils découvrirent qu’ils pouvaient en faire un objet d’échange pour le commerce. La demande dans les pays limitrophes augmenta sensiblement en peu de temps, et c’est comme cela que l’expansion du maté en Amérique latine débuta. Ils affrètent des caravanes chargées de maté jusque dans la pampa au Pérou ou Bolivie. Le roi d’Espagne, s’inquiétant du pouvoir grandissant de ces missionnaires, les expulsa en 1767 du territoire. Les champs de culture furent laissés à l’abandon et le savoir-faire de la culture s’évanouit.

La culture de maté semblait perdue pendant des siècles. Jusqu’aux expéditions de botanistes européens au début du 19ème siècle, qui redécouvre cet « Or vert ».

C’est un biologiste et botaniste français appelé Aimé Bonpland qui redécouvrit le moyen de faire germer les graines de maté. Il commença dans le village de Loreto, en y installant de grandes pépinières de maté.

Le maté est un arbre qui peut faire jusqu’à 20 mètres de haut dans son milieu naturel. Cet arbuste a été cultivé en premier par les guaranis qui ont réduit sa hauteur pour mieux le récolter. Le maté est un arbre de culture, qui ne pousse pas partout. La seule province dans laquelle les conditions de sol, de climat et d’humidité sont favorables au développement de la plante est la province de Misiones. Des conditions similaires n’existent dans aucune autre région ni aucun autre pays.

Après la récolte, le maté est séché par une courte exposition au feu puis moulu grossièrement afin de donner un assemblage de feuilles de petits morceaux de branches et même de poussière de maté. Cette matière première est ensuite emballée et stockée au moins un an avant que les sacs ne soient vendu aux fabricants, qui ajustent le dosage en feuilles, en branche, et en poussière, et affinent ainsi le caractère de leur maté.

« Quand on se lève tôt le matin on commence à boire du maté, c’est un rituel pour nous. On a besoin de maté pour commencer la journée de travail. On se retrouve et la première chose qu’on fait c’est de préparer le maté tous ensemble. C’est vraiment différent que de s’asseoir pour boire un café. Là, on partage le même maté et justement c’est bien plus que cela, c’est surtout s’asseoir, discuter. C’est comme un compagnon de route. »

Et vous, que pensez-vous de ce documentaire ? Avez-vous appris quelque chose de nouveau ? N’hésitez pas à nous écrire votre opinion !

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