Boire du maté est bien plus que le fait de boire une tisane. Pour les Argentins, boire du maté est un fil qui lient des mots et des personnes entre elles comme l’amitié, le partage, la réflexion, l’inspiration, et la santé. Parmi celles-ci, nous trouvons un point commun avec les valeurs de notre chère République française : Liberté, Egalité, et Fraternité.

Nous avons 3 raisons de dire que le maté représente l’une des trois valeurs de la France :  la liberté. Tout d’abord, et bien qu’il soit difficile à imaginer, le maté était présent dans les guerres d’indépendance en Amérique du Sud. Les historiens et les spécialistes du sujet affirment qu’en 1816, les congressistes argentins consommaient du maté au milieu des débats houleux pour l’indépendance de l’Argentine. Dans certains musées Argentins, on retrouve en exposition certaines parties des kits à maté des grands héros patriotiques de l’Argentine, des pièces aussi spéciales que la bombilla du créateur du drapeau argentine, le général Belgrano, ou le maté du général San Martín, le libérateur de l’Amérique. Source: Ministère de la culture de l’Argentine.

Deuxièmement, quand on boit du maté seul, c’est un moment de liberté personnelle. Dans la solitude, boire du maté conduit à un état de réflexion, où les idées prennent forme pour se concrétiser.

Troisièmement, et c’est le plus important, la facilité d’utilisation du maté. Tout d’abord, il est une boisson qui peut être bu à tout moment de la journée, pour réveiller le corps et l’esprit sans provoquer d’agitation ou d’insomnie pendant la nuit. De plus, il peut être bu de plusieurs façons : amer ou sucré (avec du sucre ou du miel), chaud ou froid (le tereré), et avec des fruits ou des herbes aromatiques. Pour plus d’informations : « Comment donner un goût différent à son maté« . Vous pouvez même le boire sous forme de thé, en prenant du yerba maté dans une tasse, ou directement dans un sachet de maté-thé, appelé “maté cocido » en Argentine. Ce dernier a le même goût que le maté, ainsi qu’un goût moins intense et plus proche du thé. Enfin, et en recourant à la liberté d’expression, il existe des artistes qui se consacrent à la création de calebasses artistiques : quelques exemples ici en citrouille, en bois, en verre, en céramique… même en pierre !

Depuis ses origines anciennes, le maté ne peut être refusé à personne. Dans l’histoire de l’Argentine, les Indiens Guarani utilisaient déjà le maté comme un instrument divin dans leurs cérémonies religieuses, célébrées en communauté. Lorsque les conquistadors espagnols sont arrivés au XVe siècle, puis les moines jésuites au XVIIIe siècle, malgré les différences de culture et de langue, le premier geste de bienvenue des Guarani a été de partager un maté avec eux. Et ce lien était si fort que lorsque le Royaume du Rio de la Plata a été créé à la fin du XVIIIe siècle, le maté a été connu comme « le thé des jésuites ».

Du mélange des civilisations européennes et indigènes est né au XIXe siècle le « gaucho » (littéralement). Ils portent depuis des générations la tradition du maté. Les gauchos ont créé leur propre culture autour de cette boisson et ont été les premiers à instaurer les coutumes autour de la consommation de cette boisson, aujourd’hui encore presque intactes.

Depuis l’époque coloniale, le maté a traversé toutes les strates sociales, unissant et mettant tout le monde sur le même pied d’égalité : cette boisson a été consommé par les riches, les pauvres, les maîtres, les esclaves, les indigènes, les Espagnols, les hommes, les femmes, les jeunes et les vieux.

En avance sur l’ère moderne, dans la société sud-américaine actuelle, il n’y a personne qui ne boive pas de maté. Riches ou pauvres, de professions, d’idées politiques et de religions différentes, ont tous quelque chose en commun : ils boivent tous du maté. C’est la passion pour le maté qui nous unit.

Tout au long de l’histoire de l’Argentine (et de l’Uruguay, du Brésil et du Paraguay), le maté a été et est encore un des rares éléments transversaux, comme le poncho. C’est un élément de construction de l’identité et de la fraternité sud-américaine commune. « Le maté a toujours été une question de partage dont il en est le symbole. Pour les Argentins, le culte du maté a toujours été synonyme de liant social entre les individus lorsqu’il est consommé en groupe, mais aussi une sorte de d’apaisement mental lorsqu’on se retrouve seul face à lui. Le maté a de nombreuses significations et c’est un rituel incontournable. Devant le maté, nous sommes tous égaux », assure Valeria Trapaga , la première sommelière de maté d’Argentine et du monde (et oui ça existe !)

Curiosités franco-argentines

• Napoléon Bonaparte a influencé la libération de l’Argentine (et d’une grande partie de l’Amérique du Sud). En 1800, les idées de liberté circulaient déjà en Amérique du Sud. Cependant, c’est pendant l’invasion napoléonienne, lorsque le roi espagnol a été emprisonné, que l’Argentine s’est organisée et a commencé sa révolution, se déclarant indépendante de l’Espagne en mai 1810. En outre, la France a reconnu l’Argentine comme une nation indépendante à la fin de 1830.
• Le Libérateur de l’Amérique (Général San Martin) a vécu et mort en France. Après avoir libéré l’Argentine (1812-17), le Chili (1818) et le Pérou (1822), le général est parti en Europe pour sa retraite en 1824. Il arriva au port du Havre, et s’installa dans une propriété de campagne près de Paris. Il est mort en 1850 et a été enterré à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), où se trouve toujours aujourd’hui. Un autre Argentin enterré en France est le célèbre écrivain argentin Julio Cortázar (enterré à Montparnasse).
• Immigration franco-argentine. Entre le XIXe et le XXe siècle, des milliers de Français ont migré vers l’Argentine. Aujourd’hui, on estime que 6 millions d’Argentins sont d’origine française, ce qui en fait le troisième groupe le plus important après les Italiens et les Espagnols. À proprement parler, on estimait qu’en 2015, 15 milles Français vivaient en Argentine. Source: Persée.

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